Je l’ai dit et redit : barricader sa musique ne sert à rien, internet est un réseau et une musique écoutable est toujours copiable d’une manière ou d’une autre. D’autre part, le “pire-ratage” pour les artistes ce n’est-il pas d’être ignoré ? Donc plutôt que de lutter contre la copie, mieux vaut l’utiliser. Nous allons réfléchir ici à quelques stratégies pour mettre sa musique en téléchargement et la diffuser de façon intelligente.
Il faut que vous soyez là où votre public est déjà:
• plateformes d’écoute en ligne: itunes, jamendo, last.fm, deezer, spotify, soundcloud. Ce sont des lieux dédiés à l’écoute de musique. Il y a beaucoup de choix et cela peut être dur d’être repéré, mais c’est quand même important d’être présent pour vous donner une chance d’être écouté.
• réseaux sociaux: myspace, facebook, skyblogs, twitter… Ce sont des lieux de passage, de discussion et de détente importants, comme les cafés en ville. Vous pouvez toucher beaucoup de gens ici. Mais comportez vous de manière sociale. Il ne vous viendrait pas à l’idée de rentrer dans un café et de bombarder aveuglément tout le monde avec vos prospectus ou de leur crier dans les oreilles que votre musique est la meilleure. Comme dans la vie réelle, repérez les personnes les plus susceptibles d’être intéressées et/ou de relayer vos infos, puis engagez la discussion.
• réseaux p2p: BitTorrent, Emule, … ce sont des lieux ou les gens téléchargent de la musique. Cela peut donc être intéressant d’y être et d’y placer certains morceaux. L’écrivain Paolo Coehlo s’est piraté lui même avec un certain succès. N’oubliez pas de mettre des infos sur le groupe et un lien vers le site dans la description du fichiers et aussi dans l’archive contenant la musique, ça permettra aux gens de revenir vers vous plus facilement.
• site de partage de vidéos: youtube, dailymotion. Un autre endroit populaire et de rencontre que de plus en plus de gens utilisent. En plus le fait d’avoir des images ou vidéos apporte un plus à la musique. Pas besoin d’avoir forcement une vidéo hyper léchée (vous pouvez faire un diaporama ou mettre une vidéo de concert) mais attention par contre à avoir un son correct, sinon vous ferez fuir tout le monde. Essayez surtout d’être originaux (Voir des conseils pour créer une vidéo virale).
• sites de diffuseurs: les blogueurs, … ils sont intéressés par la musique et veulent vous aider à diffuser la votre. Il y a aussi de nombreux blogueurs qui partagent leurs goûts en ligne. Repérez les prescripteurs qui sont susceptibles d’être intéressés par votre son et envoyez leur un message personnalisé (et non un copier/collé) avec un moyen d’écouter votre musique. S’ils aiment ils vous feront beaucoup de promotion !
• web radios: une piste que je n’ai jamais explorée, mais je pense qu’il doit y avoir un filon ici: démarcher des webradios et leur proposer de découvrir votre musique pour qu’elles la diffuse. Certaines webradios ont des auditeurs très fidèles et très à l’affût de nouveautés.
• votre site web / blog: le point central de votre stratégie de diffusion. Votre musique doit être absolument facile à écouter (et éventuellement à télécharger). Ça semble évident, mais de nombreux sites de musiciens ne proposent pas ou peu de musique à écouter. Pour avoir souvent galéré à chercher à écouter des morceaux sur des sites d’artistes, il m’arrive maintenant de chercher directement le myspace d’un artiste pour être sur de pouvoir écouter sa musique sans tourner en rond. Choisissez une solution qui fonctionne sur la plupart des navigateurs et ne nécessite pas de plugins spéciaux pour écouter.
• dans la salle de concert: proposez aux gens de repartir d’un avec un ou plusieurs de vos morceaux de l’album ou bien de l’enregistrement du live sur leur clé USB. Ils viennent d’entendre la musique, ils ont aimé, si vous leur donnez du matériel, il y a de grandes chances qu’ils continuent à la faire tourner sur leur platines chez eux, la fassent découvrir à leur entourage et continuent à danser .
Je trouve dommage de surprotéger sa musique, autant je trouve aussi dommage de mettre sa musique en téléchargement sans réfléchir avant à une façon de le faire. Il y a pour moi deux idées clés à garder en tête dans une stratégie de diffusion:
La première idée, c’est de tout faire pour faciliter l’appropriation et la diffusion de votre musique par vos fans. Les gens qui vous aiment peuvent et veulent vous aider de multiples façons. Aidez les à vous aider.
La deuxième idée, c’est d’être en contact avec vos fans, parler, écouter, discuter, échanger. Comme vous, ce sont des êtres humains qui aime discuter avec ceux qu’ils apprécient et avoir des nouvelles de temps en temps. Arrêtez le monologue, soyez à l’écoute et engagez une vraie discussion. Vous serez étonné de toutes les choses intéressantes que vous découvrirez.
• simple téléchargement libre: le plus simple, les gens écoutent en ligne ou téléchargent. Le format doit être mp3 (universel) mais vous pouvez aussi proposer une qualité supérieure (formats wave ou ogg). Les gens prennent, peuvent copier sur leurs baladeurs mp3, téléphones et échanger avec leurs amis.
• téléchargement après inscription: vous demandez aux gens qui téléchargent leur contact et quelques informations avant de les laisser télécharger. C’est ce que fait Nine Inch Nails. Cela permet de se constituer un carnet d’adresses important et d’annoncer ses nouveautés (nouveaux morceaux, nouveaux concerts, …) à un public ciblé.
• mettez des morceaux complets, pas des extraits: Un extrait est frustrant. Si on aime, on veut l’écouter jusqu’au bout et le partager. Une chanson complète aura des chances d’être copiée et donnée à des amis. En revanche il y a peu de chances qu’un extrait soit diffusé, car ça vaut rarement le coup.Même si vous ne voulez pas mettre beaucoup de musique en téléchargement, mettez au moins une chanson complète.
• créer un widget pour promouvoir une diffusion virale: la musique est écoutable en ligne, les fans peuvent l’importer sur leurs pages, blogs, … et vous gardez le contrôle de la diffusion (choix des titres, ….). En outre vous pouvez rajouter d’autres médias, images, vidéos, news pour le rendre plus attrayant et plus utile (Pour en savoir plus sur l’utilité des widgets pour les artistes).
• sortir des news à intervalles réguliers: rien de tel pour garder le contact, les fans savent à quoi s’attendre et reviennent vous voir, ne vous oublient pas. Rien de pire que de faire une grosse com’ puis de tous laisser tomber au bout de 3 mois sans donner de nouvelles. On revient une ou 2 fois sur le site, puis quand on voit que rien ne bouge, on se dit que le groupe est mort et on passe à autre chose.
• sortir des épisodes musicaux à intervalle réguliers: regarder la stratégie originale de Uniform motion pictures, c’est simple, c’est bon esprit et c’est bien fait. Ça donne envie de faire découvrir à d’autres. L’idée ici c’est de « casser » le format CD, 10-12 titres, sur un album qui ne sort que tous les ans au mieux, sortir de la musique sur la durée, avec un format original (vidéo + graphisme) suscite la curiosité des fans et aide à conserver l’intérêt dans la durée.
• originalité, remix, détournements, humour, … le public aime les surprises, les idées originales, regardez les points qui vous caractérise et utilisez les pour vous différencier des autres. Chacun est unique. Jouer avec vos forces, mais aussi vos faiblesses…
• observez et écoutez: regardez les statistiques de musiques écoutées et téléchargées, les vues de vidéos. Écoutez ce que les gens disent ou demandez leur directement.
J’ai mis beaucoup de possibilités dans cet article. Certaines fonctionneront mieux pour certains artistes que pour d’autres. A vous de faire vos choix et vos essais. Combinez certaines de ces stratégies selon vos besoins et vos capacités pour maximiser vos chances de toucher vote public. L’idée générale étant de tisser un filet sur internet en étant partout où les auditeurs passent ou s’arrêtent pour permettre à « ceux qui ne savent pas encore qu’ils adorent votre musique » de la découvrir.
Vous avez déjà essayé certaines choses dans ce sens ? Vous pensez à d’autres idées ?
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Cet article a été initialement publié sur: toc-arts sous le titre “Quelles stratégies pour mettre sa musique en téléchargement?”
crédits photos: FlickR CC: Ol.v!er; Jonhatan Assinks ; butterflyfootsie
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La routine d’un lundi matin à Moscou a été brisée par deux attentats à la bombe dans le métro [en anglais], qui ont fait au moins 38 victimes et 70 personnes (beaucoup des victimes sont des étudiants ou des personnes de moins de 40 ans).
Les attentats ont été commis par deux femmes, que l’on présume affiliées au mouvement des Rebelles du nord-Caucase [en anglais]. Les blogueurs russes ont été parmi les premiers à annoncer cette tragédie, et sont devenus les seuls médias accessibles, les grands sites d’informations russes étant mis hors jeu par l’afflux de visiteurs et les chaines de télévision étant longues à réagir.
Sur Twitter, Krassnova remarque[russe], que le mot-clé #metro29 a été cité 40 fois par seconde tandis que les chaines de télévisions ont proposé de leur côté quatre flash. En moins de deux heures, un site dédié, metro29.ru, a été lancé pour couvrir les événements.
L’un des premiers blogueurs à avoir publié la nouvelle a été Marina Litvinovich (abstract2001 sur LiveJournal), une militante de l’opposition, qui a publié des photos de la station de métro Loubianka [russe], où la première explosion a eu lieu :
La station “Loubianka”, photo de abstract2001
Voici aussi une vidéo sur YouTube de l’évacuation des passagers à la station Park Kulturi où la seconde explosion a eu lieu, publiée par baranovweb [Attention: certaines des images contenues dans cette vidéo peuvent choquer] >
Cliquer ici pour voir la vidéo.
Les réseaux de communication se sont totalement arrêtés ensuite. Alors que les Moscovites terrorisés essayaient d’obtenir des nouvelles de leurs proches ou amis, le réseau de téléphone mobile au centre de Moscou a cédé. Sur LiveJournal, offnet accuse une procédure bureaucratique de cette rupture du réseau de téléphonie mobile ; elle requiert la mise en place d’un répétiteur supplémentaire, même dans les situations extrêmes. Sur Habrahabr, rubyrabbit a publié une liste complète des sites d’informations qui ont plongé dans le noir.
La ligne de métro Sokolnicheskaya (rouge) a été totalement fermée par les enquêteurs. Des blogueurs ont publié une vidéo de la panique des passagers à la station Komsomolskaya. Les Moscovites ont préféré ne plus descendre dans le métro, même si certaines lignes fonctionnaient encore. Le très populaire blogueur Nikolay Danilov (nl sur LiveJournal) a publié des photos de la foule des travailleurs préférant marcher jusqu’à leur lieu de travail.
Les chaines de télévision n’ont pas seulement été lentes à réagir, mais sont aussi accusées de ne pas avoir accordé aux attentats et à l’urgence la place qu’ils méritaient. Un autre blogueur russe connu, Anton Nossik ( dolboeb sur LiveJournal), écrit [en russe]:
в 12:00 по Первому каналу начался плановый выпуск новостей. Не спеша, рассказывают о взрывах метро в Токио (1995), Баку, Париже, Дюссельдорфе, Лондоне, о соболезнованиях Януковича, депутатов Верховной Рады, Ангелы Меркель, передают заявление Бернара Кушнера. Затем скороговоркой дали recap, довольно чёткий, всех основных событий в Москве, длиной в полторы минуты: 35 погибших, 70 раненых, метро не ходит от Комсомольской до Спортивной, в центре города пробки, правительство требует усилить безопасность всех российских аэропортов. На минуту включили Тимура Серазиева с Лубянской площади, и тут же пошла реклама здоровой пищи, пепси-колы, какого-то Антистакса, шоколада «Вдохновение», сока «Любимый»,синтетических моторных масел Mobil1, средства для мытья окон, нового йогурта «Яблоко Мюсли», Афобазола от тревоги и напряжения, кофе Jakobs Monarch, хлопьев от Nestle с цельными злаками. Каждый из роликов был длинней прямого включения с Лубянки. После завершения семиминутной рекламной паузы досрочно началось часовое ток-шоу «Участок».
Les blogs et les portails d’information ont permis de combler le déficit d’informations.
Le portail lifenews.ru a publié une galerie de photos dont des photos des wagons de métro soufflés par l’explosion [Ndt : attention, certaines photos peuvent choquer]. Sur LiveJournal, seg_o a également publié des photos de la zone de la station de métro Parc Kulturi.
La BBC et the Guardian ont ouvert sur leur site une page spéciale pour que les lecteurs puissent contribuer à l’information - LiveBlog [en anglais] et Live Coverage [en anglais] – et ont couvert les principaux événements. La plateforme de blog LiveJournal a ouvert un canal spécial [en russe] dédié aux attentats. Ci-dessous, des messages publiés par ceux qui ont survécu aux attentats :
Я работаю на Лубянке. В школе. Начинаю работать в 8. В 7.50 я приехала на Кузнецкий Мост. Хотела перейти на Лубянку, но там всё было в думу, людей не пускали. Вышла через Кузнецкий Мост. На Лубянской площаде сразу же всё перегородили, приехали спасатели. На работе до сих пор кризисная ситуация. Родители звонят, беспокоятся, мамы плачут. Это ужасно.
Время 14.40. Я только-только собрала в кучу голову. Меня перестало трясти, когда я встаю со стула, и я больше не плачу. Пытаюсь заставить себя поработать.
Выхожу на Парке Культуры. Поднимаюсь уже было к выходу. Рядом идут сотрудники милиции. К ним обращается какая-то женщина:
-Что случилось то?
-Ой, да авария какая-то, технические причины.
В эту же секунду прогремел взрыв.
Противоположный от моего поезд, по направлению к станции Кропоткинская.
Взорвался где-то в середине.
Людей было не много, давки не было. Но взрыв очень мощный. Не сомневаюсь, эта бомба – военного стандарта.
Photo CC Flickr bfishadow
Les initiatives en matière de littérature numérique sont légion. Voici une première sélection de liens essentiellement francophones proposée par Leroy K. May sur son blog Littéraire numérique : actualité, critique, maisons d’édition, librairies, plate-formes de distribution d’œuvres gratuites… il y a déjà de quoi faire.
Note: Cet article a été publié originellement sur mon blog de fiction littéraire LKM. Tout est fiction et a bénéficié du support de la communauté littéraire en ligne. Merci donc à ceux qui ont contribué à son amélioration, soit Marie-Hélène Voyer, Éric Bourbonnais, Éric McComber, Michaël Trahan, et tous les lecteurs de LKM Tout est fiction.
Depuis la Fabrique du numérique, mes lectures sont de plus en plus denses et concentrées vers le numérique. Ici François Bon, ici Karl Dubost, ici Marie D. Martel, ici Thierry Crouzet.
J’en suis venu à un genre d’overdose aujourd’hui, suivant un énième lien vers lequel Bourbon me pointait. Pas un ras-le-bol. Un genre d’impuissance devant la quantité inépuisable d’expériences, d’aventures, d’épiphénomènes pouvant devenir grands du numérique.
Je tenterai donc, ici, de répertorier ces ressources. Je ne pourrai pas être exhaustif. Et je compte sur toi pour m’indiquer celles que tu trouves pertinentes et que je n’aurais pas mentionnées.
ebouquin
owni.fr
Numerikbooks
Blogo-Numericus
Les Traceurs de tout
Café de lecture numérique
Salon double
Laboratoire NT2
Robert ne veut pas lire
Leezam
Numerik:)ivres
Pe-Soft
Publie.net
Smart Novel
Septentrion
Lulu.com
Leo Scheer
Je lis
Zebook
Mobipocket
Epagines
Numilog
Didactibook
Livres québécois
Immatériel.fr
Projet Gutenberg
Feedbooks
50 moteurs de recherche pour les lecteurs sérieux (via @robertneveutpas)
Mobileread (forum)
Sigil
DIY Book Scanning
Scan Taylor
Validation de epub
Plateforme de lecture Bookworm
Ibis Reader (découverte du jour!)
Blio Reader
René Audet (reneaudet)
François Bon (fbon)
Clément Laberge (remolino)
Éric Duchemin (EditionsVertigO)
Bertrand Gervais
Karl Dubost (karlpro)
Gilles Herman (gillesherman)
Benoît Melançon (benoitmelancon)
Laurent Rabatel
Jean-François Chetelat
Éric Bourbonnais
Marie-Hélène Voyer
Monique Le Pailleur (Aurise)
Lindsey Martin (crych)
Laure Bourgeaux (lbourgeaux)
Daniel Bourrion (dbourrion)
Michaël Trahan (mtrahan)
msieuryann (msieuryann)
gilda_f (gilda_f)
nemolivier (nemolivier)
Erny-Newton E. (EducationMedias)
Alba de Luna (aubedelune)
Bagolina (Bagolina)
v_clayssen (v_clayssen)
Laurent Margantin (oeuvresouvertes)
PascaleLC (PascaleLC)
commentcreer (commentcreer)
Laurent Sauerwein (larrysa)
Martine Sonnet (msonnet)
αяf (_arf_)
Etolane (Etolane)
Marin Dacos (marind)
Marie-H Vaugeois (mhvaugeois)
clionautes (clionautes)
Christine Genin (cgenin)
Dominic Bellavance (bellavance)
breizh2008 (breizh2008)
Eve Catherine (EveCatherine_)
Pierre Laurendeau (IMMMca)
jinhiang (jinhiang)
Bibliothèques de MTL (bibliomontreal)
Le Bouillon (v2) (Bouillon)
Marie H. (mariehlabory)
Samiha Hazgui (samihahazgui)
Librairie ChezJeanne (L_ChezJeanne)
Bon melon (bonmelon)
Vincent Chapdelaine (vincentac)
Lucie B Bernier (berlue_lu)
Marie D. Martel (Bibliomancienne)
Laurent Zavack
Thierry Crouzet
Jeanne
Éric McComber
Anaïs Guilet (anaisguilet)
]]>Billet publié initialement sur Littéraire numérique sous le titre “Prolégomènes à un répertoire potentiel du numérique littéraire”
Article initialement paru sous le titre : Les SHS se mettent au 2.0 ou comment les chercheurs sont croyants sans être des pratiquants.
SHS 2.0 : Objets et pratiques numériques est le titre d’un cycle de conférences qui aura lieu a Lille a partir du 8 mai 2010. En voici l’argument :
L’importance croissante des données numériques et de leur échange (qu’il s’agisse d’images, de textes, de vidéo, de musique ou de quelque autre « data ») a donné à l’ordinateur individuel, ou au serveur de données, une place prépondérante dans l’économie de la recherche, tout comme dans notre rapport individuel à l’information et au savoir. Sans micro-ordinateur, point de salut. Après avoir bénéficié de l’aide à l’écriture par le biais du traitement de texte, le chercheur dispose aujourd’hui d’un outil de traitement du savoir. Cet outil ordonne, classe, échange, propose, parfois impose des formats. Le numérique est un fait, il remodèle le paysage du savoir, de son apprentissage et des méthodes qui y donnent accès.
Bonne nouvelle ! Après tout, en France du moins, les SHS (lisez Sciences Humaines et Sociales) ont loupé le web 1.0. Il serait temps qu’elle se penchent sur le web 2.0 avant que celui-ci ne disparaisse sous une mutation que l’on pressant avec des dispositifs comme Twitter et Chatroulette.
La conférence s’ouvre avec Clarisse Herrenschmidt à qui l’on doit l’excellent Les trois écritures (Paris, Gallimard, 2007). Une conférence est disponible sur Canal-u.tv et elle vaut vraiment le détour. Vous trouverez aussi ici un texte qui présente les idées de son livre. Lisez aussi L’Internet entre écriture, parole et monnaie ou l’étrange cadeau des Anciens et ses accents Mc-Luhanesques.
On pourra aussi y entendre Dominique Cardon qui arpente le Web 2.0 depuis quelques temps déjà, et à qui l’on doit entre autres Le design de la visibilité et Sociogeek.
Et sinon ? Beaucoup de nouvelles têtes ! C’est un plaisir de voir d’un seul coup tant d’intelligence se pencher sur le réseau. C’est un plaisir de voir tant de personnes exercer leur intelligence sur ce qui est pour eux un nouvel objet. C’est un plaisir de les voir se passionner sur des objets qui sont pour tant des objets du quotidien.
Mais c’est aussi agaçant.C’est agaçant de voir que cet objet, “l’Internet’, est juste devenu un enjeu éditorial et de pouvoir. C’est le ”nouvel” endroit ou il fait bon être vu penser. C’est le nouvel endroit ou il fait bon publier. C’est le nouvel endroit ou il fait bon vendre des livres.
Après tout pourquoi pas ? La formation des chercheurs en SHS est longue et fastidieuse, et il n’y a pas à rougir de vivre de son travail. Mais il est agaçant de voir tant de personnes parler du web 2.0 sans en utiliser un seul outil ! Où sont les pages Facebook ? Ou sont les comptes Twitter ? Ou sont les conversations sur les blogues ? Il n’y en a pas, simplement parce que dans leur immense majorité, les intervenants sont des croyants et non des pratiquants du web 2.0. J’aurais préféré que cela soit l’inverse, et que les réflexions se fassent à partir d’une pratique.
Longtemps, le réseau a été pensé par des amateurs. Les premières observations ethnographiques ont été faites par les digiborigènes eux-même. Ce sont eux qui ont pensé comment fonctionnent les dispositifs qu’ils inventaient comme les listes de diffusion ou les wiki. Mais il leur manquait la formation d’un sociologue, d’un ethnographe, d’un philosophe, d’un psychologue…. Il sera vraiment dommage que maintenant que les sciences humaines s’intéressent au réseau, elles manquent la rencontre parce qu’elles en ont pas une pratique suffisante !
Il n’est plus possible ni souhaitable que les réflexions sur le réseau restent enfermées dans les colloques, les livres et les facultés. Nous avons besoin et le réseau a besoin que ce qui est pensé à son propos soit partagé, diffusé et discuté sur le réseau. Je ne parle pas seulement de la mise en ligne de contenus “savants”. Je parle de la fabrique des idées, de la façon dont une idée se forme, de la façon dont une théorie s’organise, de la façon dont une pensée se pense. Je parle de ce qui est finalement le travail du chercheur : la diffusion du savoir.
Vous avez dit Creative Commons ?
Chercheurs ! Encore un effort !
]]>Article initialement publié sur Psy et geek ;-)
Photo sur qthomasbower sur Flickr