Depuis un an, il a continué son boulot de mouchard, parcourant sans relâche tous les articles de médias francophones recensés par Google Actualités. Vous pouvez d’ailleurs voir ses trois dernières prises dans la colonne de droite de cette page.
Il a ainsi généré une imposante liste de près de 6 500 articles publiés entre le 1er août 2009 et le 31 juillet 2010 et contenant l’un des clichés suivants :
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Avec cette magnifique collection de poncifs, on peut établir divers classements (disponibles au format Excel ou OpenOffice) et bien sûr désigner les champions du clicheton.
A commencer par le plus gros fournisseur, sans surprise un titre de la presse quotidienne régionale, La Dépêche (364 clichés), loin devant La Voix du Nord (211) et Le Figaro (194).
Rang | Média | Nb clichés | Cliché préféré |
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1. | La Dépêche | 364 | « la cerise sur le gâteau » |
2. | La Voix du Nord | 211 | « la cerise sur le gâteau » |
3. | Le Figaro | 194 | « grincer des dents » |
4. | Ouest-France | 190 | « la cerise sur le gâteau » |
5. | Sud Ouest | 151 | « la cerise sur le gâteau » |
6. | Les Echos | 129 | « le vent en poupe » |
7. | Midi Libre | 125 | « la cerise sur le gâteau » |
8. | Le Parisien | 109 | « l’ironie du sort » |
9. | Le Monde | 90 | « le vent en poupe » |
10. | Le Télégramme | 89 | « la cerise sur le gâteau » |
En matière de stéréotypes langagiers, le journal basé à Toulouse fait dans le commerce de gros :
Mais loin de ces mastodontes, c’est à un petit détaillant, Corse-Matin, que revient le titre du média le plus cliché cette année, succédant donc au Figaro.
Le quotidien local n’a produit que 19 clichés en un an, mais son rendement est remarquable : son indice @alertecliche, calculé en tenant compte du nombre total d’articles accessibles dans Google Actualités, grimpe à 271, contre 139 pour son dauphin Maxifoot et 100 pour le gratuit Metro.
Rang | Média | Indice | Cliché préféré |
---|---|---|---|
1. | Corse-Matin | 271 | « la cerise sur le gâteau » |
2. | Maxifoot | 139 | « caracole en tête » |
3. | Metro France | 100 | « la cerise sur le gâteau » |
4. | 20minutes.fr | 85 | « dans la cour des grands » |
5. | France Soir | 85 | « le vent en poupe » |
6. | Le Républicain Lorrain | 74 | « un pavé dans la mare » |
7. | Marianne2.fr | 73 | « botter… » et « grincer… » |
8. | France 2 | 73 | « la cerise sur le gâteau » |
9. | Clubic | 68 | « la cerise sur le gâteau » |
10. | Clicanoo | 63 | « un pavé dans la mare » |
Entre Bastia et Ajaccio, on se demande ainsi « à qui profite le crime » quand les locaux du Secours catholique de Calvi sont vandalisés, on rappelle que le mouvement social à Pôle emploi concernait « les quatre coins dans l’Hexagone », on note que le restaurant L’Oggi, à Lumio est entré dans « la cour des grands » en obtenant sa première étoile au guide Michelin.
Bref, ça clichetonne à tout va, parfois même deux fois dans la même phrase, comme pour cette analyse sur la place de la libération de la Corse dans les manuels d’histoire :
« Excédé par cette attitude, Sauveur Gandolfi-Scheit a alors écrit à Serge Eyrolles […], mais le président des éditeurs bottait en touche ou plutôt renvoyait la balle dans le camp du gouvernement. »
Les rédacteurs de Corse-Matin aiment aussi mettre « une cerise sur le gâteau », mais ils sont loin d’être les seuls : des cerises, @alertecliche en a consommé pas moins de 1 019 en un an, ce qui place cette expression en tête du classement des clichés les plus utilisés, devant « le vent en poupe » (697)
et « grincer des dents » (974).
Rang | Cliché | Nb |
---|---|---|
1. | « la cerise sur le gâteau » | 1 018 |
2. | « le vent en poupe » | 697 |
3. | « grincer des dents » | 674 |
4. | « la cour des grands » | 511 |
5. | « un pavé dans la mare » | 419 |
6. | « la croisée des chemins » | 380 |
7. | « caracoler en tête » | 373 |
8. | « l’ironie de l’histoire » | 362 |
9. | « revoir sa copie » | 326 |
10. | « attendu au tournant » | 305 |
Côté nationaux, signalons les performances de Metro France, de France Soir et de 20minutes, respectivement 3e, 4e et 5e. Les curieux remarqueront que les rédacteurs du Monde (15e) adorent utiliser l’expression « le vent en poupe », alors que ceux du Figaro (20e) n’arrêtent pas de « grincer des dents » dans leur texte et que ceux de Libération (43e) aiment beaucoup pointer « l’ironie de l’histoire ».
Pour conclure, signalons qu’avec 15 clichés détectés, Rue89 occupe une méritoire 31e place, grâce notamment aux efforts de son président Pierre Haski, pour qui Obama était « attendu au tournant » lors de sa visite en Chine, alors que les conseillers d’Hortefeux avaient préféré « botter en touche » dans l’affaire des Auvergnats.
Article initialement publié sur Rue89
Illustration CC FlickR : @ceriseontecake (freakgirl/Flickr)
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Le créateur de Google News, Khrishna Barat, a donné un discours sur sa vision du journalisme, lors d’une conférence donnée à l’université de Stanford.
Cliquer ici pour voir la vidéo.
On le sait, Google News est régulièrement pointé du doigt par les patrons de presse et les rédactions (on pensera évidemment à Murdoch et autres Joffrin). Lancé en 2002 et depuis devenu un des services phares de la firme de Mountain View, il est désormais accusé de voler le contenu des journaux et de s’approprier la manne financière engendrée par le trafic.
Khrishna Barat revient lors de cet entretien sur les origines du service, sa place dans le journalisme contemporain mais surtout le rôle qu’il peut jouer à court et moyen terme dans un écosystème journalistique en mutation.
Malgré les inquiétudes légitimes quant à son avenir proche, Khrishna Barat est convaincu que le journalisme professionnel est encore vivant et bien parti pour le rester. Voici donc selon lui quelques unes des grandes directions que pourrait prendre la profession dans les prochaines années.
Il croit dur comme fer à la spécialisation (autant géographique que thématique) des éditeurs en ligne, d’où une nécessaire clarification sur le rôle de chacun.
Même si la plupart des éditeurs et des journalistes ont pris conscience de l’utilité des réseaux sociaux dans le cadre de leur travail, Bharat est convaincu que leur usage va encore s’intensifier dans le futur.
Les gens ne paieront plus seulement pour accéder à l’information, mais également pour y accéder plus rapidement, la retrouver plus facilement et via des moyens de paiements simplifiés, sous-entendant que la monétisation du contenu reste – même pour Google – une des clefs du journalisme en ligne.
Selon lui, il faut que la publicité évoluent vers une meilleure compréhension du marché afin de proposer des contenus plus en phase avec le lectorat d’Internet.
Plus vague, il évoque également la possibilité pour l’utilisateur d’accéder aux contenus depuis un grand nombre de sources différentes, en les pondérant avec ses centres d’intérêts. Une sorte de Google Reader amélioré, en quelque sorte.
On pourra ajouter deux caractéristiques supplémentaires :
Cela implique évidemment de nouvelles difficultés pour monétiser un contenu visionné et consommé ailleurs.
Qu’elles soient purement Internet, sur tablette ou sur smart phone, les applications joueront un rôle central. Les éditeurs qui auront choisi le modèle du mur payant espéreront que les utilisateurs accèdent à leurs contenus via leurs propres applications. Pour ceux qui diffusent librement leur contenus, on verra probablement émerger un système d’applications agrégatives.
Il est intéressant de connaître le point de vue de la firme californienne sur un domaine qu’elle a contribué au bouleverser. Même si cette vision n’est pas surprenante : il ne fallait pas s’attendre à ce que Google donne du grain à moudre à ses plus fervents détracteurs en annonçant la mort du journalisme.
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Traduit et adapté de The Next Web.
A lire également sur la soucoupe : Google prétend toujours sauver le journalisme et la mutation Android de Google.
Crédit Photo CC Flickr : keso.
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