OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Nos mémoires ne valent pas un cloud http://owni.fr/2011/06/17/nos-memoires-ne-valent-pas-un-cloud/ http://owni.fr/2011/06/17/nos-memoires-ne-valent-pas-un-cloud/#comments Fri, 17 Jun 2011 09:02:53 +0000 Olivier Ertzscheid http://owni.fr/?p=68408 Il est 19 heures dans la vraie vie. Monsieur Toumaurau habite Nantes. Il cherche à se procurer un livre. Il veut se rendre à la librairie, mais la librairie n’a plus d’adresse stable. Elle est un jour située au pied du quartier de la défense à Paris, un autre jour dans le Jura, un troisième jour à Toulouse. La librairie n’a plus d’adresse stable parce qu’elle dispose de toutes les adresses existantes. Il suffit à Monsieur Toumaurau de pousser une porte pour être dans la librairie. Il entre et cherche quoi lire. Il aimerait bien un roman de science-fiction. En rayonnage le classement par nombre de “like” a déjà depuis longtemps remplacé l’ordre alphabétique ou thématique. Monsieur Toumaurau optera pour le roman Bit.ly/Ep6bCKtt.

Pratique de ne plus avoir à retenir de nom d’auteur ou même de titre. Avec 17 000 like dont 70 en provenance de profils affichant les mêmes préférences littéraires que les siennes, Monsieur Toumaurau voit, en même temps qu’il règle 6 euros depuis son cellulaire, s’afficher sur l’écran de sa liseuse qu’il n’a que 17% de chances de ne pas aller au bout de le lecture du roman Bit.ly/Ep6bCKtt. Il commence à lire et à générer des liens sponsorisés qui, s’il s’applique, lui rapporteront un peu plus de 2 euros la semaine. Ce qui ramènera donc le prix d’achat de son roman à moins de 4 euros net. Monsieur Toumaurau est un bot, un lecteur industriel, un robot de dernière génération qui indexe en temps réel les ouvrages disponibles et génère des liens sponsorisés. Il est 19h01 sur le réseau. Monsieur Toumaurau habite Lyon.

Les 3 petites morts du web

Le web s’est construit sur des contenus, bénéficiant d’un adressage stable, contenus librement accessibles et explicitement qualifiables au moyen des liens hypertextes. Ces 3 piliers sont aujourd’hui ouvertement menacés.

  • L’économie de la recommandation est aussi une économie de la saturation. Les like et autres “+1″, les stratégies du graphe des bouton-poussoir menacent chaque jour davantage l’écosystème du web. nous ne posons plus de liens. Nous n’écrivons plus, nous ne pointons plus vers d’autres écrits, vers d’autres adresses, vers d’autres contenus. Nous préférons les signaler, en déléguant la gestion de ces signalements éparpillés à des sociétés tierces sans jamais se questionner sur ce que peut valoir pour tous un signalement non-pérenne, un signal éphémère.
  • L’externalisation de nos mémoires est devenue l’essentiel de nos modes d’accès de de consommation. L’informatique est “en nuages”. Nos mémoires documentaires, mais également nos mémoires intimes sont en passe d’être complètement externalisées. Nous avons tendance à oublier l’importance de se souvenir puisqu’il est devenu possible de tout se remémorer.  Les contenus sont dans les nuages. Ils ne nous appartiennent plus, ils ne sont plus stockables. La dématérialisation est ici celle de l’épuisement, épuisés que nous serons, demain, à tenter de les retrouver, de les rapatrier, de se les réapproprier.
  • Le web ne manque pas d’espace, son espace étant virtuellement infini. Pourtant les services du web s’inscrivent dans une logique d’épuisement. Les raccourcisseurs d’URL, nés sur l’écume de la vague Twitter fleurissent aujourd’hui partout. Même la presse papier y a de plus en plus fréquemment recours. les adresses raccourcies, épuisent les possibilités de recours, les possibilités de retour. IRL comme URL, sans adressage pérenne, les digiborigènes que nous sommes se trouvent condamnés au nomadisme à perpétuité.

Saturation. Epuisement. Externalisation. Les 3 fléaux.

Big Four

Facebook, Google, Apple, Twitter sont des dévoreurs d’espace. Ils ont colonisé le cyberespace. Ils y ont installé leurs data centers. Ils y ont instauré des droits de douane. Ils ont décidé qu’il serait plus “pratique” pour nous de ne pas pouvoir télécharger et stocker un contenu que nous avons pourtant payé, qu’il serait plus pratique d’y accéder en ligne. A une adresse qui n’est plus celle du contenu mais celle du service hôte. Leur adresse. Ils ont décidé d’organiser la hiérarchie et la visibilité de ces contenus à l’applaudimètre. Ils ont décidé que nos messages seraient limités à 140 caractères. Ils nous ont contraint à passer par des adressages indéchiffrables (url shorteners) pour pointer vers un contenu.

Consentement en clair-obscur. Les choses ne sont naturellement ni aussi simples ni aussi noires. Nous avons soutenu ces projets ; nous avons peuplé ces espaces vierges ; nous avons profité des infrastructures qu’ils mettaient à notre disposition gratuitement. Nous avons emménagé librement dans ces colonies.

Retour aux fondamentaux. Le rêve réalisé de Tim Berners Lee et des autres pionniers avant lui était celui de l’infini des possibles, celui d’une écriture dans le ciel que rien n’entrave. Certainement pas le projet d’une inscription, d’une engrammation dans des nuages fermés et propriétaires.

Pour les contenus. Le droit d’avoir une adresse stable. Le droit de pouvoir y être trouvé, retrouvé. Le droit au stockage local sans lequel il n’est plus de droit de transmettre un bien (culturel) en dehors du super-marché qui l’héberge.

Que serait Sisyphe sans mémoire ? Les sociétés humaines, les “civilisations” se construisent sur de la mémoire. Sur une mémoire partagée et rassemblée et non sur des fragment mémoriels largement “partagés”, en permanence “disséminés”, épars. Le seul vrai projet pour civiliser l’internet serait d’empêcher cette priva(tisa)tion de nos mémoires, de nos mémoires intimes, de nos mémoires sociales, de nos mémoires culturelles. Des bibliothèques y travaillent, avec le dépôt légal de l’internet, avec le Hathi Trust pour la numérisation des oeuvres libres de droits, y compris même en archivant la totalité de Twitter. Elles essaient. Elles tatônnent encore parfois. Mais elles ont compris. Pas de mémoire sans archive. Pas d’oubli sans traces effacables. Pas de civilisation sans patrimonialisation pensée. Le temps de cerveau reste disponible. Le temps d’accéder à nos mémoires est compté. Nous seuls en sommes comptables. Sauf à considérer que …

… Nos mémoires ne valent pas un cloud.

<Update> Dans la guerre qui s’annonce entre les lieux de mémoire et de conservation que sont les bibliothèques d’une part, et les grands acteurs commerciaux de la marchandisation des accès mémoriels que sont les big four suscités d’autre part, il est urgent de rappeler que les premières sont dans une situation critique en Angleterreen Espagneaux Etats-Unis … sans parler de celles du Portugal, de la Grèce, etc … </Update>

A l’origine de ce billet :

  • L’entrevue éclairante avec Tim Berners Lee dans le dernier numéro de Pour la Science.
  • Un tweet signalant le service http://urlte.am/ qui tente, un peu à la manière du Hathi Trust dans un autre domaine, de bâtir une archive stable et pérenne des adresses raccourcies.

Billet initialement publié sur Affordance.info


Crédits photo: Flickr CC Yoshi HuangJulian Bleecker, Biggies with Fish,

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Thanatopraxie urbaine: y a-t-il une ville après la mort ? http://owni.fr/2011/06/09/thanatopraxie-urbaine-y-a-t-il-une-ville-apres-la-mort/ http://owni.fr/2011/06/09/thanatopraxie-urbaine-y-a-t-il-une-ville-apres-la-mort/#comments Thu, 09 Jun 2011 08:17:45 +0000 Philippe Gargov http://owni.fr/?p=66983

C'est mémé. N'oublie pas de prendre du pain dans cette boulangerie, il est très bon.

Et si les morts contribuaient à redonner vie à nos sociabilités urbaines ? La proposition peut paraître étrange, j’en conviens… Et pourtant, l’idée semble répondre avec une certaine pertinence à quelques enjeux majeurs de la ville hybride, et notamment à la question qui nous anime tous : comment recréer du lien social (en particulier intergénérationnel) dans la ville moderne ?

Ma proposition, que je vais tenter d’expliciter après l’avoir brièvement exposée ici, consiste à croiser la quête de « l’immortalité numérique » (cf. transhumanisme) aux fameuses folksotopies conceptualisées sur ce blog (= contributions géolocalisées contribuant à étoffer la « mémoire » subjective rattachée à un lieu).

Et parce que les néologismes sont toujours utiles pour rendre compte de ces concepts encore flous, j’ai baptisé « thanathopraxie urbaine » cette invitation à repeupler la ville de nos ancêtres d’outre-tombe (c’est un presque-néologisme, en réalité). Vous voulez en savoir plus ?

Des faire-part de décès affichés aux côtés de pub auto

Tout est né d’une visite en Bulgarie à l’automne dernier. Comme je l’avais raconté ici, j’avais été marqué (pour ne pas dire traumatisé) par la coutume de mes compatriotes à afficher les faire-part de décès dans la rue, au vu et au su de tous. Notez bien : il ne s’agit pas de localiser les faire-part sur des panneaux réservés à cet effet (souvent sur les places de villages ou à proximité de lieux de culte, comme ici en Crète), mais bel et bien d’afficher les nécrologies un peu partout dans la ville : sur les portes, les poteaux électriques, les arbres, j’en passe et des meilleurs. Étranges images, où les photos des morts se battent en duel avec des pubs automobiles…

Seulement voilà : passé ce premier sentiment de malaise, on se rend progressivement compte que ces fantômes urbains témoignent surtout d’un attachement encore vivace aux sociabilités de voisinage, essentielles dans la Bulgarie post-soviétique (qui n’avait pas que des défauts, faut-il le rappeler). Autrement dit, la publicisation des morts dans la ville participe à la consolidation du lien social…

Le transhumanisme à la rescousse

Voilà pour le point de départ de ma réflexion. Vous me direz, une coutume ancestrale et pas forcément très fun, ça ne fait pas une innovation urbaine. Mais associez-la à une forte tendance émergente de la nébuleuse digitale, et l’idée prend une nouvelle envergure. C’est donc là qu’intervient la philosophie transhumaniste, en particulier son regard sur l’immortalité :

Un transhumain serait un homme-plus [H+], un homme qui, fort de ses capacités augmentées par les évolutions techniques et scientifiques brave les contraintes naturelles, allant jusqu’à braver la mort.

C’est en particulier cette réflexion d’Antonio Casilli qui m’a fait réfléchir :

Il y a une relation de correspondance très forte dans la tradition transhumaniste entre l’idée de vivre éternellement [par la cryogénisation] et l’idée de vivre en tant qu’alter-ego numérique [« fantasme de l'avatarisation » selon la journaliste]. Parce que, à un moment historique, dans les années 1990 il y a eu cette confluence, cette fixation entre deux thématiques, grâce à cette idée de l’uploading, du téléchargement du corps et de sa modélisation 3D. Même si c’était un mythe, le fait de vivre éternellement en tant qu’être virtuel était présenté comme la démarche à la portée de tout le monde parce que se connecter à Internet était à la portée de tout le monde.

Concrètement, sur quoi s’appuie cette bravade de la mort ? Un autre article pioché dans cet excellent dossier sur la mort numérique nous en donne la réponse :

Et si à notre mort, cette gigantesque base de données pouvait continuer à vivre de manière autonome ? C’est en tout cas l’ambition de Gordon Bell. Il entrevoit un futur dans lequel longtemps après notre mort nos arrières-petits-enfants pourraient interagir avec notre double virtuel. Un avatar à notre image, qui puiserait dans les centaines de millions d’informations collectées tout au long de notre vie pour adopter nos tics de langage, nos intonations, notre caractère… Ces doubles seraient alors capables de singer notre manière de nous exprimer, pour raconter à notre place les évènements clés de notre vie.

[Bonus : une première ébauche de réflexion sur « l'immortalité Facebook » à lire en conclusion de ce billet.]

Naturellement, le croisement de ces deux réflexions conduit à s’interroger : à quoi ressemblerait une ‘avatarisation’ des morts dans l’espace public de la cité ? En d’autres termes, il s’agit d’imaginer une version numérique et interactive des austères faire-part balkaniques…

Restituer la mémoire des défunts

Il existe déjà des ébauches de services permettant de « faire vivre » les morts sur la toile, tels que 1000memories [en] qui propose aux utilisateurs de poster photos ou pensées sur le profil de la personne décédée. Même s’il ne s’agit ici que de « fleurir » une tombe numérique (avec des « fleurs » certes très personnelles), l’idée est bien de mettre en scène la mémoire intime ; une première ébauche de l’avatarisation ?

Mieux encore, certaines tombes japonaises se sont vues « augmentées » d’un QR Code permettant « d’accéder à la biographie et des photos de la personne », comme me le signalait Émile en commentaire.

On retrouve dans ces questions mémorielles une idée similaire à celle qui structure le concept des folksotopies, cette « mémoire des lieux » dont je vous parlais l’hiver dernier. Pour rappel :

On pourrait ainsi imaginer un nouveau type de mobilier urbain dédié aux folksotopies, qui traduirait in situ la teneur qualitative et quantitative des contributions (un jeu de couleurs, de sons ou de lumières ?) [...] Il s’agira d’introduire dans nos rues de nouveaux objets (ou d’en détourner d’anciens) qui pourraient donc faire office de « feux de camp » mémoriels.

Si j’avais d’abord imaginé ces objets urbains pour la mémoire des vivants, rien n’empêche de leur faire restituer la mémoire des morts… !

Il s’agirait donc d’imaginer des objets ou des services urbains permettant de mettre en scène, dans l’espace public de la cité, la mémoire de ces morts – voire carrément leurs avatars autonomes quand la technologie le permettra. Je vous laisse imaginer le potentiel de telles interfaces, notamment en termes de sociabilité…

Quelques exemples basiques : on pourrait imaginer que des habitués du quartier partagent des récits de vie ou des souvenirs à propos d’un lieu (anecdotes, historique, etc.), qu’ils donnent des conseils (guider les touristes avec des informations subjectives, partager des recettes de grand-mère ou pourquoi pas aider les enfants à faire leurs devoirs !)… et ce ne sont ici que des propositions ultra-basiques. Avouez que c’est quand même plus sexy que le traditionnel et dépressif monument aux morts des places de village !

C’est d’ailleurs un exercice de créativité que j’avais proposé à une dizaine d’étudiantes de SciencePo Rennes (et qui avaient relevé le défi avec brio). Certaines avaient par exemple proposé une application ludique de « point de paradis » (= gagner sa place au Paradis en priant pour les avatars des morts), d’autres un service touristique de géocontextualisation des morts (proches ou célébrités). Et encore, je vous le fais en résumé, mais il y avait des idées complètement folles intégrées à chaque service imaginé.

Mais attention, l’idée n’est pas juste de « s’amuser » avec la mémoire des morts sans que cela n’ait de réel impact sur les pratiques urbaines des vivants… !

R.I.P. I.R.L. [Rest In Peace In Real Life]

Et c’est là qu’intervient le néologisme tant attendu. En effet, si l’on souhaite apporter une véritable valeur ajoutée à l’avatarisation des morts, il me semble nécessaire de sortir d’une logique égocentrée comme c’est le cas dans la vision transhumaniste (= objectif personnel de faire vivre son propre personnage à travers un avatar ; c’est un peu nombriliste, vous en conviendrez). À l’opposé, il s’agira de mettre les morts « à disposition » des vivants.

Pour cela, il convient de rendre les avatars des morts « présentables » ; pas pour leur bon plaisir, mais afin de les rendre utiles aux utilisateurs qui souhaiteraient entrer en interaction avec leurs « mémoires ». Autrement dit, il s’agira de les rendre opérants et « interactivationnables ».

Dans la vie réelle, c’est justement le rôle de la thanatopraxie (aka l’embaumement), d’où le choix de ce terme comme analogie pour expliciter le sujet du jour (merci à Joël G. qui m’a soufflé cette idée brillante !).

La définition originale nous apprend ainsi :

La thanatopraxie est le terme qui désigne l’art, la science ou les techniques modernes permettant de préserver des corps de défunts humains de la décomposition naturelle, de les présenter avec l’apparence de la vie pour les funérailles et d’assurer la destruction d’un maximum d’infections et micro-organismes pathologiques contenus dans le corps des défunts.

Par analogie, on retiendra donc qu’il s’agit :

  • de préserver des corps de défunts humains de la décomposition naturelle <=> de préserver les données numériques des morts de la « décomposition » naturelle, en particulier liée aux défections de matériel (un disque dur qui rend l’âme, par exemple). Ce n’est pas l’avatar du mort qui risque de mourir, mais bien les serveurs-cercueils qui l’accueillent à cause de leur obsolescence accélérée. Il s’agira aussi de les protéger des virus et hackings potentiels, bien que je trouve au contraire l’idée réjouissante (mais les descendants peut-être moins, puisqu’il s’agit techniquement de dégradation de tombe… )
  • de les présenter avec l’apparence de la vie pour les funérailles <=> de les présenter de sorte à les rendre interactifs et opérants, afin qu’ils répondent aux besoins urbains de leur époque. Cela exige d’y intégrer des algorithmes permettant de « diriger » les avatars des morts en réponse à la mission qui leur est confiée (aider les touristes à trouver leur chemin, par exemple).
  • et d’assurer la destruction d’un maximum d’infections et micro-organismes pathologiques <=> et d’assurer la destruction d’un maximum de « zones d’ombre » qui desserviraient l’image du mort auprès des vivants venus le manipuler. C’est là un point plus douteux, dont il convient à mon avis de débattre. Devrait-on nécessairement ne présenter que de « bons » morts dans la perspective d’une thanatopraxie urbaine ?

Évidemment, se pose finalement la question de fond de ce sujet : les morts pourront-ils refuser d’être manipulés par leurs successeurs citadins ? Existe-t-il un « droit à l’oubli » pour les morts numériques ? Quelles sont les conditions pour reposer en paix dans la vie réelle (RIP IRL, marque déposée) ? Ne serait-il pas pertinent, par exemple, de créer un statut permettant de « donner ses datas à la ville » comme on donne son corps à la science ?

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Je m’arrête ici pour aujourd’hui… mais j’y reviendrai prochainement tant les idées fusent ! Si vous partagez mon enthousiasme, n’hésitez pas à décrire vos idées de services/objets/autres en commentaires ! Si vous êtes designer/artiste, votre patte graphique m’intéresse aussi… Je n’ai pas ce talent, et vous savez comme moi que « le poids des mots, le choc des images… »

Et si vraiment le concept vous motive, j’essayerai d’organiser un petit apéro-atelier créatif… peut-être à Père Lachaise quand les beaux jours reviendront ? :-)

À vos commentaires !

Billet initialement publié sur [pop-up urbain]

Photo Flickr AttributionNoncommercial an untrained eye

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http://owni.fr/2011/06/09/thanatopraxie-urbaine-y-a-t-il-une-ville-apres-la-mort/feed/ 8
Quelle(s) stratégie(s) pour éviter l’Alzheimer numérique ? http://owni.fr/2009/07/28/quelles-strategies-pour-eviter-l%e2%80%99alzheimer-numerique/ http://owni.fr/2009/07/28/quelles-strategies-pour-eviter-l%e2%80%99alzheimer-numerique/#comments Tue, 28 Jul 2009 16:56:27 +0000 Damien Van Achter http://owni.fr/?p=2138 L’obsession de tous les producteurs de contenus qui déversent chaque jour dans l’interweb leurs flux continus de bits au gré des marées du buzz et des trompettes de la renommée (Georges si tu m’entends) a toujours été, et restera ad vitam, d’être consommés par le plus grand nombre. C’est viscéral, quasi christique. La pire chose qui puisse arriver aujourd’hui à un bloggeur, un veilleur, un facebookeur ou à un média est de ne pas exister sur le web. To be numeric or to be rien du tout.
Ayant obtenu sans trop de difficulté son brevet “Publication automatique via RSS”, le Producteur a très vite compris qu’en un seul clic, il pouvait inonder de sa prose tous les services dont Techcrunch, ReadWriteWeb, Mashable et consorts lui vantent les mérites. Alerter la Terre entière de son existence fait partie de la jouissance que procure cette activité, à défaut de lui procurer la moindre rentabilité.
Cette étape obligatoire franchie, et ayant bien suivi les cours de Seth Godin, Tim O’Reilly, Jeff Jarvis et consorts, le Producteur s’est ensuite penché sur la valorisation du feedback que ses consommateurs adorés lui renvoyaient, afin d’améliorer sa prose ou la qualité de l’emballage de ses T-shirst fashion payés par Paypal et envoyés par FedEx.
Et c’est là que les Roumains du web s’empoignèrent…
Publier le même article sur 8.012 services, c’est ouvrir la porte à 8.012 conversations potentiellement enrichissantes, mais à tous les coups chronophages. Le bénéfice d’une large diffusion de l’information se trouve donc réduit à néant par l’obligation d’assurer “un service après-vente” titanesque, pour tout dire techniquement impossible et humainement franchement casse-couilles.
Comment faire ? Quel équilibre trouver entre une multi-présence efficacement distribuée et une monitoring éclairé des conversations éclatées suscitées par celle-ci  ? Peut-on dans ce cas-là encore parler de conversation ? Et, franchement, à part les frappadingues qui passent leur vie à bookmarquer des liens, à deliciouser des extraits, à twitter des saillies longitudinales et à flickeriser le graphe Trucmuche ou le logo Machin, ça intéresse qui ?
Si je voulais être cohérent avec moi-même, je m’auto-flagellerais avec la prise usb de mon iPhone. Mais ce n’est pas mon genre :-)
La vraie bonne question, me semble-t-il, n’est pas de savoir s’il faut utiliser FriendFeed ou non, si Backtype Connect, ECHO ou Google Wave constituent les enièmes Killer Ap qui vont déchirer leur race et rendre riches et célèbres les 15 pc d’utilisateurs qui génèrent 95 pc du bruit de l’interweb actuel, mais bien de savoir où et comment chaque internaute va bien pouvoir conserver une trace pérenne et homogène de toute son activité en ligne.
Ca vous paraît absurde ? Tant mieux, vous pouvez arrêter ici la lecture de ce billet. Merci d’être venu et à bientôt quand même, j’espère.
Je continue et j’explique pour les autres.
Je veux pouvoir me justifier de mes actes, assumer mes propos et défendre mes opinions sur base des “originaux, certifiés conformes” et pas sur ceux qu’un troll aurait déformé en le retwittant à l’envers. Il n’y a pas de “notaires du web” et la cache de Google est trop perverse pour pouvoir lui faire confiance à priori. Ne parlons même pas de Facebook et de ses CGU qui vous privent de vos archives à titre personnel. Ok pour être une source, mais potable de préférence. JSi j ne peux et ne veux surtout pas contrôler l’usage qui est fait des contenus que je distribue, je veux par contre toujours rester maître de ce que je mets en ligne. Et y faire référence devant un juge le cas échéant.
J’aimerais aussi, lorsque je serai vieux et grabataire, seul dans ma maison de retraite full domotisée, pouvoir relire le paquet de conneries que j’ai pu raconter à 30 ans et me fendre la gueule en revivant les discussions qui y étaient associées sans avoir dû niquer 100.000 arbres pour imprimer le tout dans des classeurs à crochets. Vouloir archiver les meilleures palabres que j’ai tenues dans mon café du commerce ne me paraît pas une hérésie, même si je me rends bien compte des Tera de données que cela représente (et que même pour “MA” musique, le stockage des mp3 devient inutile)
En fait, je veux surtout pouvoir m’affranchir de ce risque non nul (et c’est un euphémisme) de voire cette mémoire effacée à jamais parce qu’un gus a merdé l’update de sa DB, parce qu’il y a 99 pc de chances que les services que j’utilise aujourd’hui n’existeront plus quand je m’acheterai mon premier Segway Senior Edition et que mes employeurs successifs auront décidé de purger leurs serveurs de leur “vieux “articles.”Les cimetières sont remplis de gens irremplaçables”, a-t-on coutume de dire, mais qu’en sera-t-il de nos avatars  ?
Comme nos grands-mères nous ont transmis des boites à chaussures remplies de lettres manuscrites et d’albums photos jaunies, j’aimerais que mes enfants, mes petits-enfants et mes arrières petits-enfants puissent un jour hériter de ma mémoire numérique, leur léguer le disque dur de mon histoire, qu’ils puissent s’y plonger et en ressortir la vidéo, l’article, le commentaire ou la photo qui leur permettra de comprendre de quoi étaient faites les journées de leur paternel au tout début de ce 21ème Siècle ….
Et vous, la pérennité de votre activité en ligne vous préoccupe-t-elle aussi ou bien vous en foutez-vous comme de votre premier poke ?  Si ce n’est pas le cas, auriez-vous la gentillesse de partager avec moi les outils que vous utilisez pour la préserver et la conserver accessible à long terme ?

Billet initialement publié sur Blogging The News

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